Peut-on encore vivre du sport ?
Peut-on encore vivre du sport à notre époque ? Évidement, vous imaginez bien que l’on ne peut pas répondre à cette question par un « oui » ou par un « non ».
En revanche, une chose est sûre, c’est le terrible constat de la situation actuelle. Très peu de sportifs professionnels arrivent à vivre exclusivement de leurs sports et on remarque même une certaine précarité du milieu.
Pour exemple, et pas des moindres, savez-vous que la moitié des 450 français qui participent aux JO vivent avec moins de 500 euros par mois !? Et on parle ici d’athlètes olympiques, pas de nous, cette bande de riders cools aux cheveux longs qui vivent en van l’été et sous le soleil de la Thaïlande l’hiver ! Non, des vrais sportifs, ceux qui s’épilent les mollets et tout et tout !
Et cette situation est bien connue des responsables politiques, le secrétaire d’État aux Sports Thierry Braillard, avait même déclaré que les sportifs de haut niveau ont « l’un des statuts les plus précaires de notre pays ».
Le document établi par le juriste du sport Jean-Pierre Karaquillo pointait déjà l’extrême précarité des athlètes de haut niveau et précisait que 75 % de ces athlètes sont non-salariés, et donc non couverts en cas d’accident… Bref, ça laisse rêveur…
Alors pour étoffer le sujet, nous sommes allés interroger quelques pro-riders et personnes de l’industrie pour comprendre à quoi ressemble une carrière professionnelle d’un point de vue « business ».
Déjà, commençons par la base, combien coûte réellement une saison de wake pour un rider ?
Si on fait une moyenne, il faut compter entre 7000€ et 10000€ pour couvrir uniquement les frais de déplacements et de logements. En soit, comparé à d’autres sports comme le surf auquel il faudrait rajouter un zéro, ce n’est pas grand chose. En revanche, nous confie le wakeskater Maxime Giry, un budget de 15 / 20000€ lui permettrait de moins faire de concession sur son style de vie : « 15 – 20000 euros ce serait l’idéal. Mon mode de vie actuel qui est de vivre dans un van et chez mes parents est la raison pour laquelle je peux « vivre de mon sport » avec un si petit budget. »
Deuxième point, comment financent-ils leur saison ?
Avec les fédérations peut-être ?
A cette question, les prises en charge et aides diffèrent énormément en fonction de chacun, et surtout en fonction des pays. Si pour Maxime Giry, « sans la fédé il me serait impossible de me consacrer à mon sport », les québécois Nicolas Leduc et Olivier Derome semblent plus saillants et en accord avec ce qu’on entend en France : « En Amérique du Nord, les fédérations contribuent à un niveau minimum, presque inexistant comparé au Ski Nautique ».
Les marques, première source de revenu ?
Il y a évidemment aussi les marques vers qui les riders se tournent en premier. Mais là aussi, ce n’est pas la folie. En effet, de là à ce qu’elles puissent couvrir tous les frais d’un team rider, plus un salaire, il y a encore du chemin.
Surtout que comme nous l’a fait remarquer Oli Derome, « les “photos incentives” (primes de parutions dans les médias ou sur les podiums) qu’offraient presque tous les sponsors à leurs riders il y a encore seulement quelques années, n’existent plus vraiment. Le format « Plus de sponsors » = plus de primes podiums, primes parues, de Travel Budget, etc… n’existent plus. Or, c’était souvent exponentiel ! A l’époque, si ton sticker de sponsor était bien visible sur une photo et que tu faisais une couverture de magazine, tu prenais 2000 $, une double page 1500 $, une page pleine 1000 $, une demi-page 500 $… Avec l’arrivée des réseaux sociaux, les magazines et les primes ont complètement disparu. »
Une époque qui laisse rêveur !
Mais il ne faut pas non plus s’étonner. On en a déjà parlé, la mise en avant des produits, que ce soit via des posts insta ou des stickers plus grands : la board, est aujourd’hui intégralement assurée par les riders, tout niveau confondu, de la méga star jusqu’au rider qui bénéficie d’une remise de 5% via son shop local ! Alors pourquoi payer pour ça !? Une com’ gratuite, core et auto-gérée ! Du pain béni pour la « compta » qui s’arrachait les cheveux en voyant des athlètes prendre un chèque mensuel équivalent à leur salaire annuel !
Un pro modèle, un gros plus pour sa carrière.
Heureusement, certaines marques, afin de palier à ce manque de budget, proposent des « Signature Serie », afin de faire gonfler leurs budgets. Pour Antoine Fouliot, au Marketing chez Soöruz, « on est conscient que le budget annuel qu’on peut proposer à certains de nos riders ne leur suffit pas pour être à l’aise financièrement. On aimerait faire plus dans le wake, mais on est en lien avec le retour sur investissement. Du coup, depuis 3 ans on a développé des pro-modèles de combi, gilets, néo vestes, etc… sur lesquels nous rétribuions un pourcentage des ventes ».
De même pour le team WakePro. Hervé Puyol nous le confirme : « On est tous commissionnés sur chaque vente de module réalisée en France, pas seulement via la vente de nos « signature obstacle », et ça, c’est vraiment motivant ». Un bel effort de la marque polonaise !
Et les marques « extra sportives » alors ?
On a osé en parler lors d’un précédent article au titre sans détour : « Pour vivre du sport, le ridicule ne tue plus. »
Effleurant le nom des meilleurs riders en alertant sur une dérive possible quant au choix des marques à promouvoir au nom du sport, nous avons mis le doigt sur l’importance quasi vitale pour les riders de trouver une marque qui les fasse vivre. Certains n’ont pas compris le fond du sujet qui était de faire le lien entre sponsoring, sport et santé. Nous ne reviendrons pas sur le débat… En revanche, oui, c’est évident, les marques extra-sportives sont essentiels aux riders pour espérer obtenir de vrais budgets.
Le problème, c’est que hormis RedBull, le pouvoir décisionnaire dans les très grandes marques quant à accorder un budget sponsoring à tel ou tel sportif appartient très souvent à des agences qui gèrent pour elles. Et vous l’aurez compris, le wakeboarder, au milieu des footballers, tennismen et autres athlètes… ne pèse pas lourd. C’est un constat qu’il faut accepter tant que le sport en France n’est pas médiatiquement à la hauteur des autres. Et le sera-t-il un jour, difficile à dire. Les médias spécialisés que nous sommes n’ont pas de poids pour ces grandes marques.
Et pour ce qui est de penser qu’un jour des marques comme Nike s’intéressent au wake, l’actualité nous montre que les sports extrêmes n’ont plus vraiment la côte chez elles. Elles virent de leurs rangs un par un par leurs icônes du skate ou du surf…
Ceci dit, en Allemagne, comme nous l’accorde Felix Georgii, « on a de la chance d’avoir des marques comme Nissan qui nous fournissent des véhicules du style vans aménagés pendant toute la saison. C’est une grosse économie. En revanche, ce sont des deals via Nissan Allemagne et je ne crois pas que Nissan France soit dans la même démarche ».
Le sponsoring participatif.
Enfin, histoire d’avoir tout de même un peu d’espoir et d’ouvrir quelques pistes, une solution alternative existe. Le Crowdfunding, aussi appelée « financement participatif », connait de nos jours un réel essor. Aujourd’hui, il existe de nombreuses plateformes de financement participatif qui voient le jour sur internet. Le milieu sportif rentre aussi dans ce mode de financement et cela réussit assez bien à quelques clubs qui s’y sont essayés. Alors pourquoi pas à titre individuel ? Et parmi elles, une sort du lot, il s’agit de www.believeinyou.fr.
Alors comment pallier au manque de budget ?
Avoir un job en parallèle ?
Du coup, devant un tel bilan, et parce que les seuls athlètes qui vivent confortablement sont ceux de la catégorie ‘’Rockstars » , soit 1’% des pro-riders, une réalité économique pousse de nombreux wakeboarders à avoir un job en parallèle.
En effet, pour Nicolas Leduc, même s’il n’en a pas personnellement besoin, « le wakeboard accorde beaucoup de temps libre et ne rémunère pas assez pour gagner proprement sa vie, alors autant l’utiliser en bossant ! »
La preuve, comme nous l’apprend OIi, « beaucoup d’amis de l’ouest Canadien travaillaient sur les chantiers pétroliers pendant quelques mois, dans des conditions hivernales extrêmes, pour gagner leurs pains et supporter une saison complète. »
En clair, si t’es dans les 99%, ou sans parents riches, et bien il ne te reste plus qu’à trouver un job !
Alors oui, tu pourras « survivre du sport » sans bosser en parallèle. Mais ce ne sera pas suffisant pour mettre de l’argent de côté pour tes vieux jours, avoir une famille et un vrai chez toi, etc…
En plus, comme nous le confie Nico Leduc, « après l’âge de 30 ans, il est rare que les sponsors gardent un athlète dans leurs rangs », et encore moins avec du budget, « alors la plupart des riders se retrouve sans emploi et même sans éducation ni diplôme, et surtout avec peu d’épargne… C’est pour cela qu’il est donc important d’avoir plusieurs options et pas seulement tout miser sur le wake quand on veut devenir pro. » Dans son cas, Nico a développé trois sociétés en même temps que d’effectuer sa carrière en wake. Ainsi, comme il le dit, « ceci me permet de bien gagner ma vie, mettre des sous de côté et avoir une porte de sortie à tout moment. Car nous savons bien qu’une simple blessure peut mettre fin à une carrière. »
Bref, avoir un second job peut aider un rider à vivre de sa passion, et semble être même devenu quasi obligatoire.
Gagner des contests ?
Mais qu’en est-il des contests, ceux-ci sont-ils, eux aussi, toujours une autre source de revenus ? « Il y a encore 10 ans, certains contests de wake mettaient sur la table un Cash Prize de 50000$ » nous confirme la WWA. Aujourd’hui, on peut dire qu’on en est très très loin…
En revanche, aujourd’hui, plus du tout pour Nicolas Leduc: « Je n’ai aucune motivation à faire des compétitions. Quand on pense qu’aujourd’hui les contests donnent 3000$ au 1er, 2000$ au 2eme, 1000$ au 3eme, je ne comprends pas… En gros, tu dépenses minimum 1500$ pour te rendre à la compétition et te loger. Tu dois donc être minimum dans le top 2 pour avoir un gain entre 500$ et 1500$ de profit. Aussi bien aller travailler cher Casino ou Intermarché, non ?! »
En wakeskate la question ne se pose même pas, « il y a très peu de contests wakeskate qui offrent un cashprice donc je ne compte pas sur ça pour couvrir mes frais. » Maxime Giry.
Comment expliquer que ce soit si dur de vivre du sport alors que le sport grossit d’année en d’année ? Pourquoi les sponsors ne payent plus autant qu’avant ? Il y a forcément d’autres coupables que les marques et réseaux sociaux…
Peut-on accabler les sportifs ?
Un manque de professionnalisme de leur part ? Pas évident de répondre à cette question par un grand « non » …
En réalité, quand on voit l’engagement sportif des meilleurs, c’est dur de dire qu’il y a un certain comportement laxiste de la part de beaucoup de riders, mais l’ignorer serait se mentir.
C’est un sport cool, on est d’accord. Mais pour en faire un métier, la « cool attitude » n’a pas sa place. Les mots de Shane Bonifay reflètent bien l’importance de savoir jongler entre le wake, le cool et l’entreprise : « Tu sais, si je dois résumer ma carrière sur le plan de l’entreprenariat, je te dirais que je m’appelle Shane et que je travaille pour Bonifay. Mon nom c’est ma boite, mon business. Tout est important dans ce que tu montres et proposes. Rider et être le meilleur ne suffit pas car il y aura toujours plus fort que toi. »
Une raison purement mathématique
Une autre raison pour laquelle les sponsors payent moins leurs team riders est simplement mathématique. En effet, avec l’importance (ou plutôt la croyance ) de devoir accumuler un maximum de riders « micro-influenceurs » pour faire parler de sa marque dans les moindres recoins du globe, il existe aujourd’hui beaucoup trop de team riders, beaucoup trop de dotations.
Et forcemment, la part du budget marketing est de plus en plus réduite pour tout le monde… Imaginez le budget nécessaire pour satisfaire ces centaines, voire ces milliers « d’influenceurs wake » de par le monde.
Evidemment, à l’échelle de son homespot, on a vite fait de critiquer un distributeur parce qu’il ne propose qu’une board par an à un rider local… Mais imaginez mis tout ça bout à bout ! C’est énorme ! « En France, à une certaine époque, tu faisais un railey devant le ponton, t’avais une board offerte par un distributeur », dixit un rider pro qui veut rester anonyme, hehe.
Imaginez si ce budget était redistribué uniquement aux meilleurs ! Et bien, nous serions peut-être comme en 2010, quand des contrats en wake avaient frôlé les 1.000.000 $ / an…
Quelle attitude adapter pour trouver du financement ?
Se gérer comme on gère une entreprise.
Bref, si les budgets ont toujours été très variés, il y a toujours eu une constante, c’est que pour ceux qui ont réussi à gagner leurs vies avec le sport, la clé a été de gérer leur carrière comme on gère une entreprise. « Quand on signe un contrat avec une marque, on entre en business avec un partenaire et c’est une entente officielle régie par la loi. C’est très important de prendre son temps et de bien lire tous les paragraphes du contrat. Le coté sportif / performance est très important lors du début de sa carrière, c’est comme ça que tu te fais connaitre. Ensuite, le coté gestion arrive très vite. La relation avec tes team Managers, tes team riders et les médias est très importante. Pour gérer ma carrière, j’ai même créé une société, sous laquelle les contrats sont signés, ce qui est fiscalement avantageux » nous confie Oli Derome, et à Maxime Giry de confirmer : « Si je veux faire du wakeskate mon métier pour les 5 à 10 ans à venir je dois voir cela comme une entreprise que je veux faire fructifier ».
Avancer à plusieurs.
Croire en soi est également une clé de la réussite dans une carrière professionnelle, c’est évident. En effet, ça a l’air tout bête, pourtant c’est essentiel et c’est la base, car si vous ne croyez pas fort en vous-même et en vos capacités, qui le fera pour vous ? On l’a vu, le parcours est compliqué et se décourager est très facile. Très peu y arriveront. Alors s’il n’y a que 1% de chance d’y arriver, il faut tout mettre de son côté en n’imaginant que la réussite.
Cependant, notre sport nous l’a prouvé à ses débuts, c’est à plusieurs qu’il a pu grandir. Oui, le « Wake Business » est un sport d’équipe.
Cependant, la nuance avec ce que le mot « plusieurs » semble avoir comme sens aujourd’hui, c’est à dire celui d’un groupe d’individus allant dans le même sens mais dans un intérêt individuel, c’est qu’au début de notre sport, les riders s’appuyaient les uns sur les autres pour avancer tous ensemble. De là en sortait des grands noms, propulsés par une énergie commune. Non, votre « crew » n’est pas votre compte de followers instagram. Ceux-là s’en tapent de votre bien-être et équilibre. Ils veulent des tricks et de la performance. A la fin, soyez en sûrs, ils partiront.
Pour les marques, avoir un rider intégré à une communauté et qui acte pour elle, c’est primordial. Il est de ce fait un rider de l’industrie, pas juste une « bête à podium ». On sait qu’il n’est pas tout seul et qu’il n’est pas « fragilisé » par un certain isolement, de quoi se rassurer lorsque l’on investit un budget sur quelqu’un.
Au final, tous ces efforts valent-ils le coup ?
Alors est-ce que tout cela vaut la peine de tenter de vivre du sport ? Pour Nicolas Leduc, sans hésiter, « oui. J’ai voyagé dans plus de 40 pays, vécu des expériences inoubliables et rencontré des gens exceptionnelles à travers ma carrière. Par contre, je me suis vraiment bien préparé, du coup, pas de mauvaises surprises ! »
Pour d’autres, comme Wes Gumpel nous alerte, « le pari est risqué. Aujourd’hui les gamins ont tous des étoiles dans les yeux en se disant qu’ils ont du niveau sur l’eau, du coup adieu l’école. Mais ce n’est pas tout, une vie ne se résume pas à quelques années de visibilité sur un Wakeboard. Et ça, si tu ne le comprends que trop tard, c’est la cata… Perso je n’ai jamais percé, mais j’y ai cru, et je n’ai jamais lâché ma formation et mes acquis. On ne construit rien, je suis rude c’est vrai, mais on ne se crée pas une vie stable si on ne fait pas gaffe. On vivote avec le peu que certaines marques veulent bien nous donner. Aujourd’hui pour vivre pleinement du sport faut être super jeune et casser un peu le game, être hors norme… Ou alors être le copain d’un gars qui tient les rênes d’une grande marque de dWake ! Quand on voit certains teams internationaux, des gars ne méritent pas d’être là où ils en sont ? C’est aussi un problème dans ce sport. Mais ça encore une fois c’est mon point de vue. »
Bref, rider et gagner des contests ne suffit plus. Poster son quotidien ordinaire sur son compte si tu n’es pas une rockstar ne suffit pas. Vous l’aurez compris, pour faire partie des 1% à vivre du sport, il faut être un acteur majeur, une icône du sport et intégrer la dimension métier.
Pour avoir le point de vue de chaque acteur de l’industrie, nous sommes allés à la rencontre de l’un d’eux, Kevin Martinol, responsable marketing de Sport Pulsion, distributeur des marques Liquid Force, Hyperlite, Ronix et Follow.
Salut Kevin. Tout d’abord, en France, pour un distributeur, est-il envisageable de rémunérer un rider ?
Du coup, avant de répondre, je pense qu’il est intéressant et important de rappeler ce qu’est un distributeur :
« Un distributeur désigne une entreprise privée dont l’activité principale consiste à vendre des produits à un client final, pour le co du fabricant. En d’autres termes, il agit comme un intermédiaire entre un fabricant et un client.
Souvent, ils offrent d’autres services aux fabricants, comme la connaissance du territoire, la gestion du service après-vente ou le marketing. » Dans notre cas, nous sommes l’intermédiaire entre les marques de wakeboards et les shops en France. Il faut bien comprendre que les budgets marketing sont donc des sommes dépensées par les entreprises sur leurs propres fonds.
Les budgets alloués correspondent à des pourcentages en fonction du chiffre d’affaires, ils varient donc en fonction des années, mais également en fonction des besoins. On peut, par exemple, décider de pousser une marque en dépensant plus d’argent et en augmentant le pourcentage, mais cela a donc un impact sur les résultats financiers de l’entreprise. C’est un équilibre à avoir et à garder en tête. C’est pour cela, qu’il est difficile en tant que distributeur d’envisager une rémunération pour un rider.
Comment les marques à l’international choisissent leurs pro-riders ?
Je pense que bien évidemment le niveau du rider est la raison principale des choix, mais cela ne fait pas tout. De nos jours, la manière de communiquer est très importante, via les réseaux sociaux notamment. Le nombre de followers est forcément observé, mais également la qualité des posts. Ensuite, je suppose également que la personnalité du rider joue. Est-ce qu’il est poli ? Est-ce qu’il ne publie pas de conneries ? Est-ce qu’il y a un bon feeling avec lui ?
Il faut penser que les riders sont les vitrines des marques et qu’ils les représentent. Ils doivent faire rêver les gens et leur donner envie via leurs résultats ou vidéos. Il est donc difficile de sponsoriser un rider excellent mais totalement invisible des réseaux sociaux ou des contests par exemple.
Encore une fois, ce n’est que mon avis, et c’est comme ça que j’essaie de fonctionner pour les Teams en France.
Concernant les Teams Inter, il faut demander aux marques, hehe.
Et en tant que distributeur, avez-vous un rôle à jouer dans ces choix ?
Bien sûr que nous pouvons aider et guider les marques.
Les distributeurs sont choisis par les marques justement parce qu’ils connaissent le territoire. Les marques peuvent nous demander notre avis sur des produits, mais également sur tel ou tel rider. Mais nous pouvons également écrire aux marques en leur conseillant et en poussant des riders.
Comment expliques-tu que, d’une façon générale, les sportifs arrivent de moins en moins à vivre du sport alors que celui-ci grandit ?
Question difficile !
Le wakeboard reste un sport plutôt jeune, et même s’il y a de plus en plus de pratiquants, il reste tout de même un sport de niche.
Les volumes de matériel vendus sont loin des sports grand public comme le running ou le vélo par exemple donc forcément les marques n’ont pas les mêmes retombées.
Je pense qu’étant donné que le sport grandit, le nombre de riders grandit également et qu’il n’y a pas forcément de la place pour tout le monde.
Comme évoqué plus haut, il est difficile pour un distributeur de rémunérer un rider. Je pense qu’il peut donc y avoir un gap entre les riders « Inter » qui peuvent réussir à vivre du wake et les bons riders nationaux qui n’ont malheureusement pas de budget.
Mais même dans des sports plus grand public, tout le monde ne vit pas de son sport. Si on prend le foot, qui génère des sommes folles, les joueurs de Ligue 1 et Ligue 2 peuvent vivre de leur sport (et encore…) Mais au-delà de ces divisions, je ne suis pas sûr qu’un joueur de national puisse se permettre d’uniquement jouer au football.
Et pourtant, le nombre de pratiquants et les sommes en jeu via les sponsors, la télé et toutes les compétitions sont nettement supérieures aux sommes en jeu dans le wakeboard.
Que répondrais-tu aux gens qui pensent que les marques ne financent pas assez les riders ?
Je pense que c’est toujours plus facile sur le papier que dans la réalité. Moi le premier, j’aimerais pouvoir aider plus de riders, monter des projets vidéo et créer des events. Mais il faut garder en tête que nous avons pleins d’autres impératifs et obligations marketing et que les budgets ne sont pas extensibles.
Il est également difficile de mesurer l’impact et les retours qui peuvent générer les riders, les vidéos ou events. Cela créait bien évidemment du contenu, de la présence, de l’image et tout ça légitimiste les produits et la marque mais, l’investissement aura-t-il un impact sur le commercial ?
Penses-tu que toute seule, l’industrie du wake puisse faire vivre les meilleurs riders ?
Il faut laisser du temps au temps et ne pas vouloir aller trop vite au risque de se brûler les ailes. La place du wakeboard grandit, le sport se démocratise et s’ouvre à de plus en plus de monde. Les médias de masse commencent également à en parler.
J’espère que oui, le wakeboard pourra se suffire à lui-même. Mais il faut également rester les pieds sur terre et ne pas trop en demander aux marques, je pense que l’ouverture vers des sponsors différents est obligatoire pour les riders.
Penses-tu que les réseaux sociaux ont un rôle à jouer pour que les riders puissent vivre du sport en passant par d’autres source de revenus ?
Les réseaux sociaux jouent aujourd’hui un rôle plus qu’important dans la communication et la promotion. Les riders peuvent discuter avec leurs fans et partager du contenu tout en étant encore sur le ponton et encore mouillés de la dernière corde.
On sait également que ces réseaux sociaux permettent de monétiser certaines procédures et de faire la promotion de certains produits par exemple. Personnellement, cela ne me dérange pas tant que ces produits restent ‘’utiles’’ dans la pratique du wakeboard.
A partir du moment où un rider fera de la pub pour des pneus juste parce que la marque lui aura filé un budget, alors on aura dépassé une limite (pour moi) J’espère qu’on n’en arrivera pas là !
Article: Raynald Tanny