C’était mieux AVANT !

Le Wake, c’était mieux AVANT !
Ok, ça va… La phrase d’accroche est vraiment réac’ et nous fait passer pour des vieux cons auprès des plus jeunes, mais on l’entend si souvent qu’on s’est dit que ce serait drôle de parler du sujet et se remémorer le bon vieux temps et pourquoi pas faire comprendre à la jeune génération qu’on est peut-être pas si réac et vieux con au final… Ou pas !
Alors pourquoi prétendre si souvent que « c’était mieux à notre époque » ? Simple conflit de génération ? Peut-être beaucoup… Mais si on creuse, probablement qu’effectivement c’était mieux AVANT !

Sooruz Wake Trip aux Philippines – 2009 – Léo Labadens, Kanar, Raynald Tanny, François Nouals, Bertrand Oustrière, Boris Diomar.
Alors pour juger « aujourd’hui » , il est d’abord important de comprendre « hier »…
Qu’est ce qui a changé et qui a fait basculer certains d’entre nous dans la case « réac » et « vieux cons » ? Pourquoi a t-on l’impression qu’avant, c’était les belles années du wake, que le sport connait une baisse de fréquentation, alors que le niveau n’a jamais été aussi haut et le nombre de téléskis aussi important ? Pourquoi certains téléskis, comme à l’époque, ne se suffisent plus à n’être que des wakeparks ultra CORES et ont dû s’adapter en offrant une multitude de services « extra sportifs » pour arriver à vivre ?

Trois générations, trois légendes… Benji Cans, Ben Horan, Clément Deprémonville.
Comme début d’explication, il est évident qu’au début d’un sport, la nouveauté crée un fort intérêt. Découvrir de nouvelles sensations, avoir l’impression de participer à quelque chose de neuf, d’inconnu … c’est normal et c’est la phase la plus cool à vivre d’ailleurs. Là où tout est possible, là où tout est devant nous, quel privilège.
Une communauté en création, sans codes encore établis, des marques qui apparaissent, une émulation collective qui déclenche des rencontres, des amitiés, des passions et pourquoi pas même des vocations allant jusqu’à rêver de monter sa propre structure.

Pas encore de drône… Alors, on fait comme on peut… En hélico par exemple ! CWC – 2008
Dès lors, beaucoup d’associations légendaires se montent, telles que la FONCHY FAMILY, le BARCA TEAM, le TNS… etc… Un Forum, wakebaordmag.net, avec l’incontournable Beseb… Un lieu où on parle et s’engueule, bref, ça vit !
Le premier vrai magazine de Wake apparaît, UNLEASHED… qui après quelques histoires internes donne naissance à HANDLE WAKE MAGAZINE…
Cette dernière aventure médiatique ira même en kiosque à journaux, côtoyer les célèbres TRASHER Magazine, SNOW SURF, etc… Quelle fierté pour le sport !!!! Pour arriver aujourd’hui à n’être plus que sur la toile.
Alors le sport et sa médiatisation fait apparaître des représentants facilement identifiables, qui font rêver, inventent des tricks et marquent l’histoire. Les contests sont souvent l’occasion d’assister à des premières mondiales d’ailleurs.

A l’époque les juges prenaient le fun très au sérieux. Kevin Calvez, Ben Leclair, Léo Labadens, Wes Gumpel, Dgé Ruffray.
On se rappelle tous des premiers double half cab roll, qui sont aujourd’hui passés au rang des « must have »… En France, nous avons eu des noms qui résonnent encore comme celui de Laurent Peyrichou, premier champion du monde de Cable Français, Bertrand Oustrière, Kanar, Benjamin Cans, Yann Calvez, Antoine Allaux, Léo Labandens…

Léo Labadens – 2017
Pour ne citer qu’eux. La liste est trop longue, et la mémoire nous fait défaut… et nous sommes trop vieux n’est-ce pas.
Au même moment, nous assistons à l’éclosions de nouveaux spots. Chaque création de téléski était alors une victoire pour le sport et la communauté. De 15 téléskis, nous passons à quasiment 100 structures en quelques années ! Des pays comme les Philippines avec le mythique CWC ou la Thaïlande et son TWP mettent la barre plus haut qu’elle n’a jamais été. Nous y allons tous en groupe de 20 pour explorer et kiffer.

Trip Philippines en 2009. La découverte de l’aire d’un nouveau wakeboard !
La belle époque ! On côtoie la scène mondiale, on se mélange, on voit débarquer Daniel Grant, il a alors 10 ans… Déjà, il démonte tout le monde…
Tout le monde se fréquente, zéro hiérarchie.
Puis sont arrivés les vrais sponsoring et la concurrence entre chaque TK… Là, finie la courtoisie, l’ambiance « adolescente du début » tourne légèrement au business.
Cette concurrence a amené pas mal de choses de ultra positives au début. Course au meilleure park remportée haut la main d’ailleurs par Damien Deville et son incontournable TNG. Certains TK misent déjà sur le côté ambiance mixé au core.

Paul Bichet – South Wake Park – 2016
Et là à ce jeux, c’est le South Wakepark qui remportait le titre et devient le premier modèle de wakepark où le ride se mix à l’ambiance.

La scène Anglaise, alors l’une des meilleure scène mondiale, dans , et hors de l’eau !
En revanche, et c’est à partir de là qu’on va devenir réac’, l’euphorie des débuts tourne vite au sérieux… Les lacs exploitables sont de plus en plus rares et les opportunités de créations de TK manquent. A ce jeux, la passion et les compétences sportives ne prennent que très peu de place. Certains y arrivent comme Greg Bro avec TN 28, Fred Sastres avec le Kum Wakepark, Kanar, Julien Lavagne, Sam Le Den Mat et IZON, Agathe Petex et le Poule Wakepark, etc… Mais malheureusement, nombreux sont ceux à avoir mis un terme à leurs rêves, balayés par plus connectés au monde de l’entreprise, du business et de la finance. Bref le sport et son développement se professionnalisent. La preuve, certains riders vont faire du wake comme ils vont à la salle de sport…

Daniel Fetz – TNS 2008
A cette même période, et pendant assez longtemps, ce microcosme du wakeboard a su vivre ensemble et mis en place des évènements qu’on ne reverra malheureusement probablement jamais. Le Boardstock, le Wake’n’Country, le Wake’n’Roll , qui se voient accueillir les Tom Fooshee et autres Shane Bonifay, Nick Davies…
Bref, ces gros contests rassemblent des stars venues du monde entier qui font rêver et attirent plusieurs milliers de spectateurs sur les berges des téléskis, allant même parfois jusqu’à 20000 personnes !

Shane Bonifay – FISE 2006
Visibles uniquement sur internet ou en DVD, ces riders font rêver, l’aire du « fourre-tout » instagramique n’est pas encore arrivée. Seuls les meilleurs ont un nom…

Yann Calvez – 2004
Et puis tout a évolué… Les sports extrêmes en général attirent et explosent. Les riders amateurs deviennent plus facilement pluri-sportifs, passent d’un sport à l’autre, sans vraiment aller jusqu’au bout. La communauté se recentre sur elle-même et l’apparition de codes change la donne et ne permette pas à tous de s’intégrer. Les évènements doivent proposer un cash price énorme pour exister, sinon aucun rider ne vient. L’époque où participer pour le fun et la gloire est révolue. Il faut des sous maintenant !
Le prix du matos augmente, le prix du forfait passe de 17€ de l’heure à 40€… Un sport qui se voulait être en marge de la pratique en bateau car moins cher, devient à nouveau un sport cher.
Les médias ont quitté les kiosques à journaux car plus personne n’achète de papier et ne lit… Internet a pris le relais et instagram vomi les performances jour après jour de chacun, en les rendant quasi banales.
Bilan, c’était vraiment mieux avant !!!
Mais en vérité, il n’en est rien, ce n’était pas mieux…

Matt Montoro – Handle Wake Tour 2020
C’est juste qu’en règle générale, il est toujours plus facile d’apprécier le passé que le futur, car sa dose d’inconnu fait peur. Quand au moment présent, quand on le vit à fond comme tant de riders passionnés, avoir du recul sur quelque chose qui est en train de se dérouler, lorsqu’on est ancré dans le ride et ses plaisirs, est si compliqué.
Ainsi, qu’on le veuille ou non, qu’on soit de mauvaise fois ou pas, ce sera toujours mieux avant. On trouvera toujours des exemples, car ils ont l’avantage d’avoir existé, et le temps à parfois déformé les choses les plus banales en choses extra ordinaires. Chaque génération fait de son mieux pour exister et profiter de ce qu’il a devant lui.

Loic Deschaux, la nouvelle génération qui pousse le sport en France comme jamais.
La génération actuelle a poussé le sport comme jamais dans le passé. Les vidéos sont de plus en plus dingues.
Le niveau des Maxime Giry, Kevin Stuckey, Loic Deschaux et tant d’autres en témoigne. L’avenir du sport dépend de ceux qui y participent, avec une dose d’héritage évidement.

Axel Paget et Loic Deschaux – 2017
Les téléskis ont les wakeparks qu’on rêvait avoir à l’époque ! Expliquant l’augmentation du prix de la session d’ailleurs… De vrais restaurants ont remplacé les sandwichs triangles et les Paninis surgelés. Les téléskis ont des modules permettant une évolution de dingue et presque sans risque.

Maxime Giry – The Spin Cablepark
Alors les jeunes, n’ayez que faire de ceux qui vous disent que c’était mieux avant. L’héritage des anciens, qui parfois ne veulent rien lâcher aux générations présentes en pensant que leur valeur et leur histoire prévaut sur la nouvelle génération, ne doit pas être un complexe. Bien au contraire, enrichissez vous de ce passé, il est votre ADN, à vous de le faire évoluer !
Par contre, ne criez pas trop vite au « vieux cons », vous le serez tous un jour ou l’autre 😉