PORTRAIT- Jerome elbrycht
Salut Jérôme, on peut clairement dire que tu fais partie des meilleurs riders en wake assis. Mais justement, avec toi, quels sont les grands noms du sport ?
J’ai découvert le wake assis en rencontrant Emmanuel « Manu » Guillon l’hiver 2007 sur le circuit handi ski alpin. Bastien Perret a attaqué le wakeboard également avec nous. Nous avons emboîté le pas de Manu qui pour moi est le premier handi que je connaisse à avoir ridé en téléski nautique. En 2011 ou 2012 Emmanuel Pagnini, notre ami italien, est venu au wakeboard câble après plusieurs années de ski nautique handi; il est l’actuel champion d’Europe et du monde.
On imagine que rider en fauteuil n’est pas ultra-évident. Quelles sont les principales difficultés pour rider et maitriser l’engin ?
Déjà, la pratique du wakeboard assis n’est pas réservé à un public handi, n’importe qui peut pratiquer car c’est un sport à part entière. Je connais quelque valides qui s’éclatent bien avec. La principale difficulté est exactement comme la pratique debout, c’est à dire réussir le start et ensuite, passer les virages poulies… Certains y arrivent du premier coup mais c’est assez rare. Le niveau du handicap est un facteur certain sur la capacité à atteindre un certain niveau. Quand on est blessé médullaire, suivant le niveau de lésion, on peut perdre en partie ou totalement les abdominaux ou bien les garder entièrement, ce qui facilite beaucoup de choses dans la pratique du sport en général. Mais avec beaucoup de travail et d’heures de pratique, les personnes sans abdominaux peuvent arriver à bien gérer et se faire super plaisir tout comme notre ami Philippe Gonssollin.
Au niveau des tricks, tu peux nous faire un éventail de ce qu’il est possible de mettre ?
Beaucoup de choses sont possibles. La prise de sliders (hors entrée Ollie on), tous les kickers, même les pool gap peuvent être faisables. On arrive à faire certains grabs… Pas tous bien sûr, vu notre position. Tout ce qui est rotation à plat (180, 360, 540) backroll ou backlip, les rewind… Et même des transfer kicker à slider ou into wall.
Y en a-t-il un que tu as en tête et que tu n’as toujours pas posé ?
J’ai ouvert la voie des rewind en kicker en 2014 et je kiffe trop ce trick… Mais… A ce jour je n’ai jamais essayé une tête en bas… Faut que ça change (faut que je me sorte les doigts…)
Comment développes-tu ton matos ? C’est du home made ? Ou existe-t-il des sièges issus de ski cross par exemple ?
Nos premiers châssis étaient du home made, on a tous pris exemple sur le travail de notre Manu national et avons bricolé nos châssis plus ou moins sur mesure. Depuis quelques années, la plupart des riders assis utilisent le « Swaik ». Châssis développé par Pierre Tessier qui fabrique à la base nos châssis ski hiver. Les châssis pour skier sur neige et le châssis pour le wake sont très différents. Ils sont vraiment spécifiques à chaque pratique sportive. Ensuite on fixe une coque d’assise au châssis wake. Plusieurs tailles de coque existent allant de la taille 1 à la 5. Un foot strap et yallah…!
D’ailleurs, à ce sujet, tu as gagné les X-Games en ski cross ! Peux-tu nous en dire deux mots ?
Tout à fait, janvier 2016 fût mon tout premier voyage aux USA et c’était pour concourir aux Xgames au Colorado en monoski cross. Une incroyable expérience et une belle victoire en finale face aux 3 américains malgré mon ski craqué au niveau de ma fixation… Et ouais mon ski était pété… ????
Et niveau wake, comment se passent les contests ? Il y a beaucoup d’évènements ?
Le tout premier contest que j’ai fait était les championnats de France en 2009 à Condrieu. Il me semble que c’était le premier championnat ouvert à la catégorie handi. Les premiers championnats d’Europe en 2012 à Sesquieres et les premiers mondiaux en 2016 à Mexico, où c’était Bastien qui y participait cette année-là pour représenter le pays. Cette année-là, c’est moi qui y participerai en février 2019 à Pampa Wakepark en Argentine avec l’équipe de France. C’est hyper cool de pouvoir concourir en même temps que les valides. Ce qui est super rare en général dans la pratique sportive handisport qui est souvent à part.. .
Merci pour toutes ces réponses Jérôme ! Un dernier pour finir ?
Tout d’abord un grand merci à vous de me donner la parole sur notre pratique. Je souhaite qu’il y ait de plus en plus de pratiquants afin d’être de plus en plus nombreux lors des compètes internationales. L’association Magic Bastos œuvre depuis des années dans ce sens en organisant des stages découvertes sur le territoire français ce qui permet de faire connaître notre pratique à de plus en plus de monde en situation de handicap ou non. Big Up! Et tout ceci est un jeu.. Donc amusez-vous !
Itw: Handle Magazine
Photos: Emmanuele Pagnini