Ils ont tué les championnats du monde !

Ils ont tué les championnats du monde !!
Quand des noms comme Tom Fooshee, Bernhard Hinterberger, Daniel Grant eurent leurs titres de Champion du monde de wake câble, il était évident que celui-ci résonnait avec le titre informel de « meilleur rider du monde ».

Elena Bodi / Atlantic Wakepark
Aujourd’hui, si tout le monde connait les Graeme Burress, Trent Stuckey, Loic Deschaux… et peut légitimement les mettre dans la case de meilleurs riders du monde ( ok, tout le monde ne sera pas forcement d’accord sur les résultats, mais s’entendra tout de même sur le peloton de tête), quand est il des noms des participants aux championnats du monde des dernières années ?
On dirait un monde parallèle !
Soyez honnêtes, allez voir les noms des participants aux récents championnats du monde IWSF en Thaïlande ( ok le niveau des finales était incroyable ), et dites nous si, hormis les 10 premiers, les meilleurs riders actuels étaient au rendez-vous ?
Oui, certes, quelques un avaient clairement leurs places pour conquérir un tel titre, comme Camille Charraud, Ethan Bertogal, Maxime Giry, Claudia Pagnini… mais tenter de l’avoir contre qui ?
Cela n’enlève pas leur mérite et leur talent, mais avouez que la bataille s’est avérée une fois de plus loin d’être digne du niveau réel du Wakeboard mondial !

Axel Paget / Totem Wakepark
Alors demandons nous si aujourd’hui le seul titre de « meilleur rider du monde » qui vaille et qui représente le niveau réel du sport, ce ne serait pas celui desservi par la communauté ? Par forcément le plus honnête ( à moins d’interdire le vote des parents poules qui pour eux « leur progéniture, c’est la meilleure et la plus belle) , mais clairement le plus avisé . Elle exclue les conflits d’intérêts, tout le monde peut participer, peut importe sa classe sociale, son pays d’origine, et surtout: Qu’importe ses revenus…
En fait, les Championnats du Monde sont devenus tellement déconnectés du réel, qu’on se demande à quoi ils servent, si ce n’est à faire plaisir aux fédérations, aux participants, leurs amis et leurs parents.

Loic Deschaux
Tout a commencé quand le format traditionnel est devenu inadapté et obsolète quand à l’évolution du sport. Le jib, pourtant en vogue et plein d’avenir, a longtemps était mis au second plan derrière les « air tricks » dans la façon de juger.
Comme en politique, les traditionalistes ont joué un rôle dévastateur dans l’évolution du sport, freinant le wake dans son élan en se privant de l’interêt des meilleurs et plus innovants riders. Bilan, la crème de la crème s’exclura d’elle même des championnats du monde IWSF, les laissant aux riders plus formatés…

Gouz Gouzou / Al Forsan
S’en est suivi le conflit WWA vs IWSF. Chacun voulant sa part du gâteau, tous les coups étaient permis. Tant que ça restait entre eux ça allait me direz vous… Mais non, ils sont allés jusqu’à boycotter les riders ne participants pas à leurs propres tours et organiser leurs évènements aux mêmes dates pour empêcher leurs poulains de participer…
Pathétique et anti-communautaire, beaucoup de décisions ont alors creusé le fossé entre les deux écoles, les riders devenant ainsi de véritables victimes collatérales.
Nous les appellerons les « progressistes » et les « traditionalistes ».

Raph Derome
Aujourd’hui, les formats sont quasiment identiques. Petit victoire pour la WWA, elle a su imposer une vision naturelle de juger le sport en intégrant les modules. Bon après, pour ce qui est de juger le style, c’est pas la folie encore… Mais la vielle garde reste sur son pied de guerre et propose une épreuve nommée si « gériatriquement » : Wake traditionnel…. Quelle horreur. Un sport si jeune avec un nom de compétition qui semble si vieux…
Vous l’aurez compris et en êtes parfois témoins ou victimes, le parallèle entre la politique et le sport n’est plus a prouver. Du coup en résulte la paramètre de l’argent…
Et oui, il faut les payer les meeting, les billets d’avion, les conférences à l’autre bout du monde ! Skype ? Qu’est-ce donc ? Naaaan, au nom du sport, flambons du kérosène et les subventions de l’état !

Maxime Roux / Carcassonne Wakepark
Et là, c’est au nez et la barbe de tous, sans que personne ne bronche, que les épreuves se retrouvent trop souvent sur des spots loin d’être dignes de championnats du monde, mais plutôt sur des spots en mesure de payer l’organisation en charge de la certification « World Championships »…
Mais qui payent quoi d’ailleurs ? En effet, il n’y a pas de cash price sur les championnats du monde. Bref, hormis la première place à un évènement où les meilleurs ne viennent même plus, c’est fait un sacrés investissement au service de l’égo…
Anecdote intéressante, il nous a été confié que l’on peut participer aux championnats du monde sans faire parti de l’équipe de France, mais qu’en cas de victoire, tous ses points reviennent à l’équipe… C’est un peu se foutre de la gueule du monde quand même: « Je t’invite pas, mais si tu gagnes, je prend tes points ! »

Camille Charraud / Totem Wakepark
Mais le fiasco ne s’arrête pas là. En effet, si on ajoute le coût des déplacements et du logement au prix exorbitant des licences et à l’inscription aux contests, il est clair que la chance n’est pas donnée à tous. Comment auto-financer la participation à une épreuve qui ne rapporte rien ? Et bien en rentrant dans le moule, et en faisant partie de l’équipe de National de son pays en répondant à leurs exigences, en dépit du niveau des riders… On marche à l’envers !

Olaf Sypien / Al Forsan
Mais n’allez pas croire que la WWA offre mieux et s’ouvre à ceux qui ne roulent pas sur l’or de leurs sponsors ou plus souvent, de leurs parents. En effet, le Plastic Playground, figure comme l’événement qui cumule le plus de records ! Plus gros niveau de ride, énorme cash price, park lunaire, mais également une inscription ultra cher, pas de logements sur place offerts ou abordables pour les riders, des entraînements payant, etc… Bref, nombreux sont ceux qui cette année feront l’impasse sur ce contest du fait du coût de celui-ci.
Après, il faut être honnête, il y a le fait que ceux-là n’ont que très peu de chance de gagner et remporter le cash price… Une sélection naturelle en sommes ! Le meilleur contest réservé aux meilleurs ? On les tient nos vrais championnats du monde ? Pas sûr… Mais on s’en rapproche oui.

Hervé Puyol
Alors ce n’’est pas grave vous nous direz, ce n’est que du wake, c’est festif tout ça ! Ce n’est qu’un jeu… Et bien non, pas pour tous en vérité. Et encore moins pour ceux qui veulent en vivre et qui donnent tout pour y arriver. Le sport est aujourd’hui tiraillé entre deux championnats du monde distincts et le choix que font certains de n’être présents que sur les réseaux et non sur les contests.
Être le meilleur n’intéresse même plus les riders. Le « freeride » a gagné, est c’est la bonne nouvelle finalement. Kiffer un contest entre potes, prendre un cash price et laisser les médailles et titres aux amoureux de la victoire et des Jeux Olympiques.

Jules Charraud / Atlantic Wakepark
L’avenir ?
La fin des championnats du monde. Ou en tout cas du titre dans son sens originel. A force d’impacter leur crédibilité, il est difficile d’imaginer autre chose. Heureusement les Wake 2EL et autres gros contests indépendants seront toujours là pour vous aider à visualiser qui sont vraiment les meilleurs riders actuels. Mais les championnats du monde, WWA ou IWSF, certainement pas.
Alors elle est peut être là notre petit victoire d’indépendance. Et c’est même eux qui nous l’offre !